Né en
1860 Kano Jigoro réussira à faire des vieilles
techniques du ju jutsu,
une synthèse nouvelle qui nommera judo (voie de la souplesse).De faible
constitution il apprit dès sa vingtième année le ju
jutsu
convaincu de la nécessité
d'entraîner son corps et son esprit. Cinq ans plus tard
il était devenu un homme vigoureux et maître de lui.
Il continua d'étudier et élabora
progressivement sa propre méthode à laquelle il donna
le nom de Kodokan-Judo.
Les écoles de ju jutsu, utilisaient des techniques
dangereuses, le ju jutsu
ne bénéficiait pas d'une bonne renommée, compte tenu
que toutes sortes de gens peu recommandables le
pratiquaient aux dépens d'autrui. C'est pourquoi Kano adopta le nom de judo,(nom qui ne fût pas le premier a
employer)
En 1882, Kano
ouvre, avec seulement neuf élèves, sa première école
de judo. A sa mort, en 1938 à l'âge de 77 ans le judo
comptera déjà plus de 100-000 ceintures noires.
source: le livre de Michel random les arts
martiaux ou l'esprit du budô aux éditions Denoël
Conférence de jigoro kano sur le judo
L'objet de cette
conférence est de vous expliquer, d'une manière générale,
ce qu'est le Judo. A
notre époque féodale, il y avait une quantité
d'exercices guerriers, tels que la lutte, le tir à
l'arc, l'usage des lances, etc. Parmi ces exercices, il y
en avait un, appelé Ju-Jutsu. C'était un exercice
complexe qui comprenait principalement les moyens de
combattre sans armes, tout en se servant à l'occasion de
poignards, de sabres et autres armes. Les procédés
d'attaque consistaient surtout à jeter, à frapper, à
suffoquer, à immobiliser l'adversaire au sol, à courber
ou à entrelacer les bras ou ses jambes de manière à
provoquer une douleur ou une fracture. On enseignait
aussi l'usage du
sabre et du poignard. Nous avions en même temps de
nombreuses manières de nous défendre contre des
attaques de ce genre. Cet exercice, dans sa forme
primitive, existait dès notre époque mythologique, mais
son enseignement systématique en tant qu'art date d'il y
a 350 ans, à peu près.
Dans ma jeunesse, j'ai étudié cet art avec trois maîtres
éminents de l'époque. Le grand profit que j'ai tiré de
cette étude m'a conduit à la décision de m'adonner
plus sérieusement à elle et c'est ainsi qu'en 1882,
j'ai fondé moi-même une école que j'ai appelé KODOKAN. "KODOKAN"
signifie "une école pour étudier la manière",
le sens réel du mot manière étant la conception de la
vie. J'ai appelé le sujet que j'enseigne Judo au lieu de
Ju Jutsu. Je vous expliquerai d'abord la
signification de ces mots, "JU" signifie souple ou céder; "JU-TSU" est un art ou un procédé
technique; "DO"
le moyen ou le principe, de sorte que le Ju-Jutsu
signifie un art ou une pratique de la souplesse, qui
consiste à céder d'abord afin d'avoir la victoire
finale, Judo signifie le moyen ou le principe de cette
action.
Voyons maintenant
ce que c'est que cette souplesse ou cet art de céder
"JU". Supposons que nous estimions la
force d'un homme en unités. Admettons que la force de
l'homme qui est en face soit représentée par 10 unités,
tandis que ma force, moindre que la sienne, soit représentée
par 7 unités. Dans ces conditions, s'il me pousse de
toute sa force, je serai certainement poussé en arrière
ou jeté au sol, même si je me sers de toute ma vigueur
contre lui. Cela arriverait parce que je me serais servi
de toute ma force contre lui, alors que si je cède à sa
force en retirant mon corps juste avant qu'il ait poussé
et en prenant soin en même temps de garder mon équilibre,
il sera forcé de se pencher en avant et de perdre ainsi
son équilibre.
Dans cette
nouvelle position, il peut être devenu si faible (non
pas en force physique, mais à cause de sa position gênante)
que sa force se trouve représentée à ce moment, disons
par 3 unités au lieu de 10 unités normales. Mais
pendant ce temps, moi-même, en gardant mon équilibre,
j'ai conservé toute ma force qui était primitivement
représentée par 7 unités et me trouve donc momentanément
dans une position avantageuse et je peux triompher de mon
adversaire en me servant seulement de la moitié de mes
forces, soit 3 unités et demie contre ses 3 unités.
Cela laisse à ma disposition la moitié de mes forces en
cas de besoin. Si j'avais une force supérieure à celle
de mon adversaire, j'aurais pu naturellement le
repousser, même dans ce cas, c'est à dire, si j'avais
voulu le repousser et si j'avais eu le pouvoir de le
faire, j'aurais dû tout de même céder, d'abord parce
qu'en procédant ainsi j'aurais grandement économisé
mon énergie.
Voici un exemple : supposons que nous nous promenions le
long d'une route de montagne, avec un précipice sur le côté
et que cet homme ait subitement sauté sur moi en
essayant de me jeter dans le précipice. En pareil cas,
je ne pourrais pas éviter d'être jeté dans
l'abîme si j'essaie de lui résister. Mais au contraire,
si je lui cède en faisant tourner mon corps et en tirant
mon adversaire vers le précipice, je peux facilement le
jeter par-dessus bord et en même temps poser mon corps
au sol.
Je pourrais multiplier ces exemples à l'infini, mais je
pense que ceux que j'ai donnés seront suffisants pour
vous permettre de comprendre comment je peux battre un
adversaire en cédant, et comme il y a dans le Ju-Jutsu un très grand nombre de cas dans
lesquels le principe est appliqué ; le nom de Ju-Jutsu (c'est à dire l'art de la souplesse ou
l'art de céder) est devenu le nom de cet art tout entier.
Mais à parler
rigoureusement, le véritable Ju-Jutsu est quelque chose de plus. Les moyens de
gagner la victoire sur un adversaire par le Ju-Jutsu ne consiste pas uniquement à obtenir la
victoire en cédant d'abord. Quelquefois nous frappons,
nous donnons des coups de pied, nous étranglons
l'adversaire et ce sont là des formes différentes
d'action positive opposées à l'art de céder.
Quelquefois l'adversaire se saisit de mon poing. Comment
puis-je me libérer sans user de ma force contre la prise
de mon adversaire ? On peut dire la même chose lorsque
quelqu'un me saisit par derrière. Si donc le procédé
qui consiste à céder ne peut pas expliquer toutes les méthodes
dans le combat de Ju-Jutsu,
y a-t-il un principe s'applique réellement à tous les
cas ? Oui, il y en a un : c'est le principe de
l'efficacité maximale dans l'usage de l'esprit et du
corps et le Ju-Jutsu
n'est pas autre chose
qu'une application de ce principe tout à fait général
à l'attaque et à la défense. Ce principe peut-il
s'appliquer dans d'autres champs de l'activité humaine ?
Oui, le même principe peut s'appliquer à l'amélioration
du corps, servir à le rendre fort, sain et utile, c'est
ce qui constitue l'Education Physique. Il peut aussi être
appliqué au développement de la force intellectuelle et
morale. Il peut également être appliqué à l'amélioration
du régime de nourriture, du vêtement, de l'habitation,
de la vie de société, de l'activité, d'affaires et ce
qui constitue l'étude et l'entraînement concernant la
manière de vivre. J'ai donné à ce principe d'une
absolue généralité le nom de Judo. Ainsi le Judo, au sens large est une étude, un procédé
d'entraînement applicable à l'esprit et au corps aussi
bien en ce qui concerne la direction de la vie et des
affaires.
Le Judo sous un de ses aspects, peut être étudié et
pratiqué avec l'attaque et la défense pour objet.
Avant que j'eus fondé le KODOKAN, cette application du Judo à l'attaque
et à la défense était seule étudiée et pratiquée au
Japon sous le nom de Ju-Jutsu.
On l'appelait quelquefois Taï-jutsu, ce qui signifie l'art de dirigé le
corps ou Yawara,
la direction souple. Mais j'acquit la conviction que l'étude
du principe, dans toute sa généralité, est plus
importante que la simple pratique du Ju-Jutsu, parce que la réelle intelligence de ce
principe ne nous permet pas seulement de l'appliquer à
tous les aspects de la vie, mais nous rend encore de
grands services dans l'étude de l'art du Ju-Jutsu lui-même.
Ce n'est pas seulement par le procédé que j'ai suivi
que l'on peut réussir à saisir ce principe. On peut
arriver à la même conclusion par une
interprétation philosophique des opérations
quotidiennes en affaires ou par un raisonnement
philosophique abstrait.
Cependant, quand j'ai commencé à enseigner, je pensais
qu'il convenait de suivre la même route que j'avais
prise moi-même dans l'étude du sujet, parce qu'en procédant
ainsi je pouvais rendre le corps de mon élève
sain, fort et utile. En même temps, je pouvais l'aider
peu à peu à saisir le principe lui-même dans toute son
importance.
C'est pourquoi, j'ai commencé l'enseignement du Judo par les exercices du Randori et du Kata.
Le Randori, mot qui signifie "libre exercice", se pratique dans les conditions
d'un duel réel. Il comprend les actes de jeter par
terre, d'étouffer, de maintenir l'adversaire par terre,
de courber ou de tordre ses bras ou ses jambes. Les deux
combattants peuvent se servir de n'importe quel procédé,
pourvu qu'ils ne se blessent pas l'un l'autre et qu'ils
respectent les règles du Judo en manière d'étiquette.
Le Kata, mot qui signifie littéralement "forme" est un système formel d'exercices
combinés d'avance, y compris les actes de frapper, de
trancher, de donner des coups de pieds, de percer, etc.
... Selon les règles en vertu desquelles chaque
combattant sait d'avance exactement ce que son adversaire
va faire. L'entraînement aux actes de frapper, de donner
des coups de pieds, de trancher, de percer est enseigné
en Kata et non en Randori, parce que si on en usait en Randori, il pourrait se produire fréquemment
des blessures, tandis que lorsqu'il est enseigné en Kata, il ne peut se produire aucune blessure
parce que toutes les attaques et les défenses sont
arrangées d'avance.
Il y a une autre forme que j'ai appelée "forme de l'attaque et la
défense". Dans
celle-ci j'ai combiné différentes formes d'attaque et
de défense de manière telle que le résultat conduira
à l'harmonieux développement du corps tout entier. Les
méthodes ordinaires d'attaque et de défense enseignées
dans le Ju-Jutsu ne peuvent être considérées comme idéales
pour le développement du corps.
Je les ai donc spécialement combinées de façon à ce
qu'elles remplissent les conditions nécessaires pour le
développement harmonieux du corps. J'obtiens ainsi deux
résultats :
1) Le développement
du corps
2) L'entraînement
dans l'art du duel.
Comme toute nation doit songer à sa propre défense,
tout individu doit savoir comment se défendre. En cet âge
de lumière, personne ne doit se soucier de se préparer
soit à une agression nationale, soit à l'exercice de la
violence contre autrui. Mais la défense dans l'intérêt
de la justice et l'humanité, ne doit jamais être négligée
ni par une action, ni par un individu.
Cette méthode de l'éducation physique sous la forme de
l'attaque et de la défense, je vais vous montrer ce
qu'elle est dans sa pratique réelle. Elle se divise en
deux sortes d'exercices : d'un côté, les exercices
individuels et de l'autre les exercices avec un
partenaire. D'après ce que j'ai expliqué et montré par
la pratique, vous avez certainement compris ce que
j'entends par l'éducation physique fondée sur le
principe de l'efficacité maximum. Quoi que je soutienne
avec force que l'éducation de toute une nation doit se
fonder sur ce principe, je n'entends pas diminuer pour
autant le mérite de l'athlétisme ou des diverses sortes
d'exercice militaires.
|
Quoiqu'on ne
puisse pas les considérer comme convenant à l'éducation
physique de toute une nation, néanmoins en tant que
culture d'un groupe ou de certains groupes de
personnes, ils ont leur valeur spéciale et je ne veux en
aucune manière les décourager.
Un grand mérite
du Randori
se trouve dans l'abondance des mouvements qui sont bons
pour le développement physique.
Un autre mérite
est que tout mouvement a un objet et se trouve exécuté
avec entrain, tandis que dans la gymnastique ordinaire
les mouvements d'exercice manquent d'intérêt.L'objet
d'un entraînement physique systématique dans le Judo n'est pas seulement de développer le
corps, mais de rendre un homme ou une femme capable
d'exercer un contrôle parfait sur son esprit et sur son
corps et de les rendre prêts à faire face à n'importe
quelle circonstance, qu'il s'agisse d'un simple accident
ou d'une attaque commise par autrui.Quoique les exercices
de Judo soient généralement effectués par deux
personnes, à la fois en Kata
et en Randori, et dans une salle spécialement préparée
à cet effet, cependant ce n'est pas absolument nécessaire.
Ils peuvent être pratiqués par un groupe ou par une
personne, sur un terrain de jeu ou dans une salle
ordinaire. On imagine que la chute dans le Randori est accompagnée de souffrance et
quelquefois de danger. Mais une courte explication
de la manière dont on vous apprend à tomber, vous
permettra de comprendre qu'il n'y a ni souffrance, ni
danger.
Je vous parlerai maintenant de l'aspect intellectuel du Judo. L'entraînement mental en Judo peut être réalisé par la méthode Kata ou la méthode Randori, mais plutôt par la seconde. Comme le Randori est un exercice entre deux personnes qui
se servent de toutes les ressources dont elles disposent
et qui obéissent aux règles du Judo, les deux partenaires doivent toujours
être en état d'alerte et chercher à découvrir les
points faibles de l'adversaire en se tenant prêt à
attaquer dès que l'occasion le permet. Une telle
attitude d'esprit dans la recherche des moyens d'attaque
tend à rendre l'élève attentif et franc, prudent et réfléchi
dans toutes ses actions. En même temps, il est entraîné
à prendre des décisions rapides ou si l'on n'agit pas
promptement, on perdra toujours l'occasion soit dans
l'attaque, soit dans la défense.
En outre, dans le Randori,
chaque partenaire ne peut pas dire ce que son adversaire
va faire, de sorte que chacun doit toujours être prêt
à parer n'importe quelle attaque brusque, tentée par
l'autre. Habitué à cette attitude mentale, l'homme
acquiert un haut degré de maîtrise de soi. L'exercice
du pouvoir d'attention et d'observation dans la salle
d'entraînement développe naturellement ce pouvoir qui
est si utile dans la vie quotidienne.
Pour trouver les moyens de battre un adversaire,
l'exercice des facultés d'imagination, de raisonnement
de sensation et de jugement est indispensable
et ces facultés se développent naturellement dans le Randori. En outre, comme l'étude du Randori est l'étude des relations qui existent
entre deux adversaires rivaux, on peut tirer de cette étude
des centaines de leçons utiles. Je me contenterai, pour
le moment, de donner encore quelques exemples : dans le Randori, nous apprenons à l'élève à agir
toujours selon le principe fondamental Judo, sans qu'il ait à considérer combien
son adversaire peut lui sembler physiquement inférieur
ou même s'il peut facilement par la simple force,
triompher de l'autre. S'il agit contre ce principe,
l'adversaire sera pas convaincu de sa défaite, quelle
qu'ait été la force brutale qu'on ait employée contre
lui. Il est à peine nécessaire d'attirer votre
attention sur le fait que le moyen de convaincre votre
adversaire dans un argument n'est pas de remporter tel ou
tel avantage su lui en vertu de la puissance du savoir ou
de la richesse, mais de le persuader en appliquant des règles
invariables de logique. Cet enseignement que la
persuasion et non la coercition est efficace -
enseignement d'une si grande valeur dans la vie réelle -
nous pouvons l'apprendre dans le Randori.
En outre, nous apprenons à
notre disciple, quand il a recours à un procédé pour
venir à bout de son adversaire, à n'employer juste que
la quantité de sa force qui est absolument nécessaire
pour l'objet en question et nous le mettons en garde
contre l'emploi de trop ou trop peu de force. Il y a
grand nombre de cas dans lequel les gens échouent dans
leur entreprise, simplement parce qu'ils vont trop loin,
ne sachant où s'arrêter et vice-versa.
Pour prendre encore un autre exemple, dans le Randori,
nous enseignons à notre disciple, quand il se trouve en
face d'un adversaire qui est follement excité, à gagner
la victoire non pas en résistant directement à
l'adversaire par la force et par la violence mais en
l'amusant jusqu'à ce que son énergie même se soit dépensée.L'utilité
de cette attitude dans les transactions quotidiennes est
évidente. Comme on le sait, il n'y a pas de raisonnement
qui puisse nous être utile quand nous sommes en face
d'une personne tellement agitée qu'elle a perdu le contrôle
d'elle-même. Tout ce que nous avons à faire en pareil
cas est d'attendre jusqu'à ce que sa passion se soit épuisée
d'elle-même. Tout cela, nous l'apprenons dans la
pratique du Randori. L'application de ses règles à la
conduite des affaires quotidiennes est un sujet d'études
très intéressant et a du prix comme entraînement
intellectuel pour de jeunes esprits.
J'achèverai mon développement sur l'aspect intellectuel
du Judo en parlant brièvement des moyens
rationnels d'augmenter la connaissance et la puissance
intellectuelle. Si nous observons avec soin l'état
actuel des choses dans la société, nous constatons
partout la manière dont nous dépensons sottement des
occasions d'obtenir des connaissances utiles et pourtant
est-ce que nous ne négligeons pas de profiter de
pareilles occasions ? Faisons-nous toujours les meilleurs
choix pour les livres, les revues et les journaux que
nous lisons ? Ne constatons-nous pas souvent que l'énergie,
qui pourrait avoir été dépensée pour l'acquisition
d'une connaissance utile, est souvent employée à
l'acquisition d'une connaissance qui n'est pas seulement
préjudiciable à nous-mêmes mais aussi à la société.
En dehors de l'acquisition d'une connaissance utile, nous
devons chercher à améliorer nos facultés
intellectuelles, telle que la mémoire, l'attention, le
jugement, le raisonnement, l'imagination, la perception
etc....
Mais cela, nous ne devons pas le faire au hasard, mais
conformément aux lois psychologiques de sorte que les
rapports de ces facultés les unes avec les autres se
maintiennent en bonne harmonie. C'est seulement en
suivant fidèlement le principe de l'efficacité maximum
- c'est à dire le Judo -
que nous pouvons obtenir ce résultat d'accroître
raisonnablement notre savoir et notre puissance
intellectuelle. Je vous parlerai maintenant de l'aspect
moral du Judo. Je n'ai pas l'intention de parler de la
discipline morale donnée aux élèves dans la salle
d'exercices, comme l'observation des règles
traditionnelles d'étiquette, le courage, la persévérance,
la bienveillance, le respect des autres, l'impartialité
et la loyauté qui ont tant d'importance dans les sports
athlétiques dans le monde entier.
L'entraînement dans le Judo a
une signification morale particulière au Japon, parce
que le Judo en même temps que les autres exercices
guerriers était pratiqué par nos Samouraïs, qui avaient un code raffiné de
l'honneur, dont l'esprit nous a été légué à travers
l'enseignement de cet art. A ce sujet, je voudrais vous
expliquer comment le principe de l'efficacité maximum
nous aide à améliorer la conduite morale. Il arrive
qu'un homme soit très excitable et prompt à se mettre
en colère pour des raisons insignifiantes. Mais quand il
en vient à se rendre compte que le fait "d'être excité" constitue une dépense inutile d'énergie
qui ne sert à personne et qui bien souvent fait du mal
au sujet, aussi bien qu'aux autres personnes, l'élève
de Judo doit éviter une pareille conduite. Il
arrive aussi qu'un individu soit découragé par la suite
d'une déception, soit triste, n'ait pas de courage au
travail. En pareil cas, le Judo conseille de rechercher quelle est la
meilleure ressource que l'on peut trouver dans les
circonstances données. Si paradoxal que cela puisse paraître,
un individu est, de mon point de vue, dans la même
position que celui qui se trouve au zénith du succès.
Dans l'autre cas, il n'y a qu'une méthode à suivre : à
savoir, faire ce qu'il pense être le mieux à ce moment.
C'est ainsi que l'enseignement du Judo, peut-on dire, conduit un homme au fond
du découragement à un état d'activité énergique avec
de brillantes espérances d'avenir.On peut raisonner de même
pour les personnes qui sont dans un état de mécontentement.
Les personnes mécontentes sont souvent dans un état
d'esprit morose et blâment les autres gens au lieu de
s'occuper de leurs propres affaires. L'enseignement du Judo fera comprendre à ces personnes qu'une
pareille conduite est contraire au principe de l'efficacité
maximum et les amènera à se rendre compte qu'en
observant fidèlement ce principe, elles reprendront leur
bonne humeur. Voilà comment l'enseignement du Judo peut à bien des égards aider à l'amélioration
de l'attitude morale.
Finalement je veux ajouter quelques mots concernant l'aspect
émotionnel et esthétique du Judo. Nous connaissons tous la sensation agréable
que nous donnent les muscles par l'exercice, et nous éprouvons
également du plaisir à obtenir de l'habileté dans
l'usage de nos muscles et aussi par le sentiment de supériorité
à l'égard des autres dans le combat. Mais en dehors de
ces plaisirs, il y en a un qui tient à ce fait que l'on
prend des attitudes gracieuse, que l'on accomplit des
mouvements qui ont de la grâce et que l'on voit les
autres faire de même. Un entraînement donné à cet égard
joint au plaisir que l'on peut éprouver à observer différents
mouvements qui symbolisent des idées variées, voilà ce
qui constitue ce que nous appelons le côté émotionnel
et esthétique du Judo.
Je crois que vous avez déjà réussi à voir ce qu'est
en réalité le Judo en
tant qu'il se distingue du Ju-Jutsu des temps féodaux. Si maintenant, je
cherche à énoncer d'une façon concise ce que je vous
ai expliqué, je le résumerai de la façon suivante : Le
Judo est une étude et un entraînement
concernant l'esprit et le corps, aussi bien que la
direction individuelle et des affaires.
A la suite d'une étude approfondie des différentes méthodes
d'attaque et de défense, je suis arrivé à cette
conviction que tout cela dépend de l'application d'un
principe absolument général qui est le suivant :
"Quelque
soit l'objet que l'on a en vue, le meilleur moyen de
l'atteindre est d'user de son corps et de son esprit à
cette fin qui donne le maximum d'efficacité". Ce même principe appliqué à la
culture physique, mentale et morale aussi bien qu'aux
manières de vivre et de conduite des affaires constitue
l'étude des choses ou l'entraînement dans ces choses.
Une fois qu'on a bien compris l'importance réelle de ce
principe, il peut être appliqué à tous les aspects de
la vie et de l'activité et nous permettre de mener la
vie la plus haute et la plus rationnelle.
Pour comprendre vraiment ce principe, il n'est pas nécessaire
de passer par l'entraînement concernant les méthodes
d'attaque et de défense, mais comme je suis arrivé à
concevoir cette idée par le moyen de l'entraînement
dans ces méthodes, j'ai fait un entraînement pour le développement
du corps, un moyen d'atteindre le principe.
Le principe de l'efficacité maximum quand on l'applique
en vue de donner la clé de la vie sociale ou de la
perfectionner aussi bien que quand on l'applique à la
coordination de l'esprit et du corps - dans le sens de l'attaque
et de la défense -
demande en premier lieu l'ordre et l'harmonie parmi les
membres et cela ne peut être obtenu que par l'aide
mutuelle et par les concessions qui conduisent à un bien-être
et à des bénéfices réciproques.
Le but final du Judo est donc d'inculquer à l'homme une
attitude de respect pour le principe de l'efficacité
maximum "seirioku zenyo", du bien-être, de la prospérité
mutuelle "Ji ta yu-wa
Kyô ei " et de le conduire à
observer ces principes. etc ...
|