Les grades .

Le grade est la marque du judo, le signe aveuglant que notre discipline est autre chose qu’un simple sport, fût-il olympique. Le grade est un message, un symbole... mais de quoi ? Et si l’essentiel était de se poser la question ?


«Le grade, c’est un truc de militaire... », pensent peut-être ceux qui ne s’y intéressent guère. Dans une discipline comme le judo, héritière d’une tradition guerrière, ce ne serait, au fond, pas si surprenant. Cette notion de grade pourrait bien être un reste du passé, une analogie avec les anciennes hiérarchies samouraïs... Une forme d’anachronisme inutile en somme, un vieux truc. Mais les judokas ne sont ni adjudants
ni amiraux, et même si le grade hiérarchise en quelque sorte, il ne confère aucune autorité sur qui que ce soit, il n’indique même pas la responsabilité d’enseignant. Si le grade vient effectivement de la tradition japonaise, c’est celle des écoles anciennes du Japon martial. Le grade, depuis ses origines, n’est pas une marque de pouvoir mais de maîtrise. Un signe de reconnaissance qui a toujours accompagné la pratique, l’entraînement. Comment cela ne nous importerait-il plus ?
Jigoro Kano n’a non seulement pas rejeté ce signe ancien (comme il a rejeté d’autres choses du passé) mais il l’a au contraire développé et approfondi, exaltant ses raisons d’être secrètes. En créant de nouveaux échelons à cette mesure, il a voulu la rendre plus présente, plus vivante dans la pratique du judoka, lui permettre d’être un accompagnement constant de son entraînement. Ce signe du passé est devenu avec lui un ensemble métaphorique cohérent, hissé jusqu’à la hauteur du symbole.
Un symbole ? Une image, un objet, une marque simple mais profondément agissante, capable de désigner, d’unir, de prescrire.


désigner, unir, prescrire
Le grade désigne clairement le fait que le judo est une dynamique, une progression. Sans lui la pratique paraît par trop immobile au débutant, avec lui, il y a un art à maîtriser, un entraînement à mener pas à pas, marche après marche, et chaque ceinture nouvelle est un encouragement fort sur ce chemin. Le retour sur le tapis d’un élève récemment « initié » au grade supérieur par son professeur, avec sa nouvelle ceinture éclatante de couleur et de fraîcheur autour de la taille, fier et soucieux de bien faire, est à chaque fois comme une relance, une nouvelle naissance. Cette phase d’apprentissage dynamique et échelonnée conduit naturellement vers la première épreuve extérieure, le premier niveau de maîtrise : la ceinture noire. Ensuite, le grade s’apparente à un approfondissement mesuré et patient.Le grade unit tous ceux qui le partagent avec une force extraordinaire. Qui ne ressent pas le pouvoir d’identité de ces simples mots : « Je suis ceinture noire » ? La conquête, l’obtention méritée de ce bout d’étoffe, après le temps de pratique défini et l’épreuve nécessaire, continue à faire vibrer d’espoir les générations nouvelles avec une constance qui devrait nous étonner si nous n’étions pas si profondément, si sincèrement, atteint nous-mêmes par la puissance de ce symbole.


Et c’est par là que le grade prescrit... Car la ceinture n’identifie pas précisément un niveau de compétence (ce qui la distingue fondamentalement d’un « chamois de bronze » de ski ou d’un « dauphin d’argent » de natation) elle désigne ce qu’on pourrait appeler un « niveau de maturation », tant physique que technique et mentale. « Pour acquérir les compétences d’un shihan (un maître) en judo, il faut maîtriser les trois orientations qui en constituent l’enseignement, c’est-à-dire les trois domaines que sont l’éducation physique, l’éducation spirituelle, ainsi que les lois de l’attaque et de la défense, » expliquait Jigoro Kano. Le grade fait passer un message diffus et global sur ce qu’il représente et, en ce sens, nous incite à l’effort de le suivre, à la fidélité constante à une forme d’aspiration. Le ceinture noire n’est pas seulement ce judoka qui a satisfait aux épreuves – quelles qu’elles soient – de passage, il est celui qui porte la marque symbolique d’un certain idéal d’accomplissement. C’est à lui désormais de savoir se tenir... et ce comportement n’est pas simplement la manifestation d’un niveau d’efficacité. Son grade fraîchement acquis n’est rien moins qu’un nouveau statut, une reconnaissance à afficher sur ses hanches comme on affiche un diplôme dans sa chambre... Il est une responsabilité nouvelle.

Le grade accompagne la pratique
Que serait le grade sans une pratique sincère ? Rien – ou pire. C’est la pratique qui fait le judo, qui crée les progrès individuels et collectifs. Le grade n’est pas la pratique, il n’en fait même pas partie... Il l’accompagne seulement, il l’entoure. La pratique est muette, les grades en disent quelque chose dans une langue hermétique, une langue de signes, discrète, secrète et simple, faite pour encourager, pour faire réfléchir.
Quand la pratique n’est que passion immobile, plaisir de l’instant, frustration parfois, le grade offre une dynamique d’espoir, une promesse d’évoluer toujours, un chantier permanent. On est toujours « en train de passer quelque chose » et après trente ans, quarante ans, on peut encore s’investir dans une recherche, dans une perspective.
Dans le même temps, il incite à réfléchir à ce désir qui nous porte. Que cherchons-nous à travers lui ? Sommes-nous des enfants simplement attirés par la reconnaissance, par une marque de distinction ? Il ne laisse pas tranquille non plus ceux qui s’en détourneraient dans un esprit velléitaire. « J’ai mes points de deuxième dan, mais... ». L’épreuve que nous remettons au lendemain, l’exigence qu’il nous impose fait partie de notre entraînement.
On a traîné en route... Le grade demande qu’on s’interroge sincèrement sur ce qu’il est, nous incite, nous « force » en quelque sorte à nous situer par rapport à ce qu’il représente. Nous ne désirons pas le faire ? Alors tant pis pour nous. L’exercice qui consiste à réfléchir par soi-même à ce qu’il nous inspire de notre pratique est essentiel. Il s’offre à chaque pratiquant de judo comme une évocation de l’alchimie qu’il est en train d’accomplir à travers sa pratique. Le judoka mûrit de l’effort quotidien qu’il fournit dans le creuset du dojo, à la poursuite des principes de l’efficacité.
Le grade, avec son langage simple fait de couleur d’étoffe, d’épreuves rituelles, de hiérarchie, de sentences... et là pour lui rappeler que c’est lui, et non sa ceinture de coton, qui va du blanc au rouge, en passant par le noir.

 

Législation des grades "DAN" en France. En France, les grades dans les arts martiaux sont protégés par la loi du 15 Juin 1999.Elle remplace le décret du 2 Août 1993 qui avait été annulé le 28 Janvier 1998. J.O. Numéro 137 du 16 Juin 1999 page 8759Lois LOI no 99-493 du 15 juin 1999 relative à la délivrance des grades dans les disciplines relevant des arts martiaux L'Assemblée nationale et le Sénat ont adopté, Le Président de la République promulgue la loi dont la teneur suit : Article 1erL'article 17 de la loi no 84-610 du 16 juillet 1984 relative à l'organisation et à la promotion des activités physiques et sportives est complété par quatre alinéas ainsi rédigés : " Dans les disciplines sportives relevant des arts martiaux, nul ne peut se prévaloir d'un dan ou d'un grade équivalent sanctionnant les qualités sportives et les connaissances techniques, et le cas échéant les performances en compétition, s'il n'a pas été délivré par la commission spécialisée des dans et grades équivalents de la fédération délégataire ou, à défaut, de la fédération agréée consacrée exclusivement aux arts martiaux. "Un arrêté du ministre chargé des sports fixe la liste des fédérations mentionnées à l'alinéa précédent. " Les commissions spécialisées des dans et grades équivalents, dont la composition est fixée par arrêté du ministre chargé des sports après consultation des fédérations concernées, soumettent les conditions de délivrance de ces dans et grades au ministre chargé des sports, qui les approuve par arrêté. "Il est créé une commission consultative des arts martiaux comprenant des représentants des fédérations sportives concernées et de l'Etat, dont la composition est arrêtée par le ministre chargé des sports. Cette commission est compétente pour donner son avis au ministre de la jeunesse et des sports sur toutes les questions techniques, déontologiques, administratives et de sécurité se rapportant aux disciplines considérées et assimilées. " Article 2 Sous réserve des décisions de justice passées en force de chose jugée, sont validés, en tant que leur légalité serait contestée en raison de l'annulation du décret no 93-988 du 2 août 1993, les grades et dans délivrés par : - la commission spécialisée des grades et dans de judo, jujitsu, kendo et disciplines associées de la Fédération française du judo, jujitsu, kendo et disciplines associées ; - la commission spécialisée des grades et dans de karaté de la Fédération française de karaté et arts martiaux affinitaires ; - la commission spécialisée des grades et dans de taekwondo et disciplines associées de la Fédération française de taekwondo et disciplines associées ; - la commission spécialisée des grades d’aïkido de l'Union des fédérations d'aïkido. La présente loi sera exécutée comme loi de l'Etat. Fait à Paris, le 15 juin 1999.

Ceinture blanche, jaune, orange, verte, bleue, marron, noire 1er Dan.

LES COULEURS DE CEINTURES et GRADES CORRESPONDANTS

  Débutant 6eme Kyu
  Jaune 5eme Kyu
  Orange 4eme Kyu
  Verte 3eme Kyu
  Bleue 2eme Kyu
  Marron 1er Kyu
  Shodan 1er dan
  Nidan 2eme Dan
  Sandan 3eme Dan
  Yodan 4eme Dan
  Godan 5eme Dan
   

Rokudan

6eme Dan

   

Shichidan

7eme Dan

 

Hachidan

8eme Dan

 

Kudan

9eme Dan

 

Judan

10eme Dan